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0 Réforme dans la fonction publique : un chantier aussi nécessaire que délicat

  • by Administrator
  • 12-11-2025

Les syndicats défendent un service public contraint par le manque de ressources.

Les critiques de Business Mauritius sur la lenteur administrative relancent le débat sur l’efficacité de la fonction publique à Maurice. Le secteur privé réclame réactivité et digitalisation, tandis que les syndicats soulignent le manque de ressources. Tous s’accordent sur l’urgence d’une réforme équilibrée et inclusive du service public.

 

Lors d’une journée de réflexion organisée à Côte-d’Or la semaine dernière, le débat sur l’efficacité de la fonction publique mauricienne a refait surface. Pradeep Dursun, Chief Operating Officer (COO) de Business Mauritius, a ouvertement critiqué ce qu’il décrit comme une lenteur administrative chronique, freinant la coopération entre le secteur public et le secteur privé. Ses propos ont suscité des réactions contrastées, particulièrement du côté syndical, où certains y voient une remise en cause injustifiée du travail des fonctionnaires.

Des obstacles à la performance nationale

Pour Pradeep Dursun, les failles structurelles du système administratif freinent le développement économique du pays. « Le manque de fluidité dans les échanges d’informations, l’absence de vision partagée dans les comités tripartites et la lenteur du processus de digitalisation des services publics constituent des obstacles majeurs à la performance nationale », a-t-il affirmé devant un auditoire composé d’acteurs économiques, institutionnels et syndicaux.

Le représentant de Business Mauritius estime que la transformation du secteur public est essentielle pour renforcer la compétitivité du pays. « Le secteur public doit évoluer pour devenir un véritable partenaire de développement. Trop souvent, les procédures administratives freinent les initiatives », a-t-il souligné, invitant à une réforme en profondeur des pratiques et des structures.

Des critiques jugées injustes

Ces propos n’ont pas manqué de faire réagir les représentants des syndicats de la fonction publique. Pour Haniff Peerun, président du Mauritius Labour Congress (MLC), les critiques de Pradeep Dursun sont infondées et traduisent une méconnaissance du fonctionnement de l’administration. « Comparer les deux secteurs revient à ignorer leurs natures et leurs objectifs distincts », explique-t-il. « Le secteur privé vise le profit, souvent en négligeant l’aspect humain. Le secteur public, lui, opère dans un cadre légal strict et œuvre pour l’intérêt général », ajoute-t-il. 

Selon le syndicaliste, le privé ne pourrait fonctionner sans le soutien du public. « Les entreprises dépendent des autorisations, des licences et des services rendus par les institutions publiques. Ces procédures garantissent la transparence et la légalité, même si elles sont parfois perçues comme lourdes », fait-il ressortir. 

Haniff Peerun rejette également l’idée que des acteurs du privé puissent se poser en donneurs de leçons. « Même les ministres n’ont pas le droit d’intervenir directement dans la gestion administrative. Pourquoi des cadres du privé se permettraient-ils de le faire ? », déclare-t-il. 

Des difficultés structurelles reconnues

Radhakrishna Sadien, négociateur de la State and Other Employees Federation (SOEF), admet que la fonction publique fait face à des difficultés, mais il en attribue la cause à des contraintes structurelles et budgétaires. « Nous faisons face à un manque criant de personnel dans plusieurs départements, notamment dans la santé. De nombreux infirmiers et médecins ont quitté le service sans être remplacés, ce qui provoque des retards », explique-t-il.

Selon lui, la lenteur administrative ne résulte pas d’un manque de volonté, mais d’un déficit de moyens. Il ajoute : « Contrairement aux cliniques privées, l’État ne peut pas recruter facilement des étrangers. De plus, les salaires proposés ne sont pas compétitifs, ce qui rend difficile le recrutement de nouveaux talents ».

Malgré ces contraintes, il affirme que les fonctionnaires « accomplissent leur travail du mieux qu’ils peuvent avec les ressources disponibles ».

La digitalisation : un levier, mais encore imparfait

Si les représentants syndicaux saluent les progrès réalisés ces dernières années, ils reconnaissent que la transition numérique reste inégale. « Il faut admettre qu’il y a eu des améliorations dans certains domaines. Plusieurs démarches administratives peuvent aujourd’hui se faire en ligne, ce qui facilite la vie des citoyens », observe Radhakrishna Sadien.

Haniff Peerun, de son côté, avertit contre une interprétation biaisée de ces avancées : « La digitalisation ne doit pas devenir un prétexte pour déléguer les fonctions publiques à des entités privées. Le moteur du développement économique du pays, c’est le secteur public. Le privé peut collaborer, mais pas diriger ».

 

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